Emmanuel Faber contraint de lâcher une partie des rênes de Danone

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Danone est en quête d’un nouveau directeur général après avoir annoncé lundi que son PDG Emmanuel Faber ne cumulerait plus toutes les casquettes à sa tête. Cela suffira-t-il à calmer la pression de certains actionnaires qui l’ont pris en grippe? 

décision peut-elle contenter les fonds d’investissement? Personne ne peut prétendre à la victoire. Certes, Emmanuel Faber garde la face en même temps que la présidence, mais 

il cèdera la direction générale dès qu’un successeur sera trouvé, perdant 

ainsi la main sur l’opérationnel alors que son mandat courait jusqu’en 2022. Certains PDG devenus «simples» présidents peuvent conserver une forte influence, la séparation des rôles étant une étape délibérée de leur plan de succession, mais pour d’autres, la dissociation peut s’assimiler à une sortie en douceur. Quant aux fonds d’investissement Bluebell Capital Partners et Artisan Partners, ils faisaient campagne depuis plusieurs semaines pour le départ pur et simple de M. Faber. Ils voulaient de nouvelles têtes, au conseil d’administration comme à la direction. Contactés, ces fonds n’avaient pas réagi mardi. Quant aux syndicats, ils se disaient globalement soulagés. Pour Michel Coudougnes (CFE-CGC), le conseil d’administration a montré que «les fonds activistes n’ont pas leur place dans une entreprise comme Danone». 

Qui pour prendre la direction générale, et quand? Dès lundi soir, une source proche de la direction indiquait que le processus de sélection du successeur de M. Faber allait «prendre plusieurs mois». La question pourra difficilement être tranchée avant l’assemblée générale des actionnaires programmée en avril, mais elle devra dans tous les cas l’être avant la suivante en 2022, d’autant qu’un plan de réorganisation, prévoyant notamment 2.000 suppressions de postes, est en train d’être négocié avec les syndicats. Emmanuel Faber devrait donc laisser les clés quand le plan sera prêt. Au risque de susciter l’impatience des marchés. Selon Laurent Pouillen, de FO, la direction a indiqué aux syndicats que le prochain directeur général devra être «quelqu’un qui porte la vision de Danone et incarne les valeurs de l’entreprise, dans la continuité de Faber». De leur côté, les fonds d’investissements hostiles à Emmanuel Faber ont déjà prévenu qu’ils ne voulaient pas d’un recrutement interne à Danone. Pour Pierre Tegnér, analyste chez Oddo BHF, recruter en dehors de Danone serait «clairement une bonne option car il n’y a personne [pour ce poste] en interne, et que quelqu’un d’extérieur apporterait de l’équilibre dans la mesure où Emmanuel Faber reste président». «S’ils veulent recruter un directeur général d’un bon calibre, il faudra qu’il ait les coudées franches pour proposer des changements stratégiques», prévient Laurent Grandet, analyste à New York chez Guggenheim Securities. «Si c’est un clone de Faber et qu’il doit lui obéir, ça ne changera rien pour Danone, ce n’est pas le but», poursuit-il.