Le président du comité stratégique du groupe de distribution Leclerc, Michel-Edouard Leclerc, a demandé la suppression de l’obligation pour la grande distribution de pratiquer des marges d’au moins 10% sur les produits alimentaires des grands industriels.
La loi oblige depuis 2008 les distributeurs à vendre les produits alimentaires au minimum au prix où ils les ont achetés, majoré de 10%. Cela vise à protéger les agriculteurs. Cette disposition doit être maintenue au moins jusqu’en avril 2025 par la loi Descrozaille, qui entre en vigueur le 1er mars. M. Leclerc s’est dit sur BFMTV «d’accord de respecter la loi pour que le paysan breton puisse avoir de meilleurs revenus». «Mais quand c’est Procter & Gamble, Unilever, Nestlé!» (grandes multinationales de l’agro-alimentaire NDLR), s’est-il exclamé. «On nous oblige à prendre une marge de 10% sur du chocolat qu’on ne produit pas en France, sur de l’eau minérale, dites-moi comment ça arrive aux agriculteurs», a-t-il poursuivi, estimant que cette disposition «pouvait faire sens pendant les vingt ans de déflation», mais pas actuellement. «Qu’on supprime ces obligations de marger sur des produits dont l’agriculture française ne bénéficie pas», a-t-il lancé, rappelant ironiquement «qu’il y a quinze jours on nous demandait de vendre de l’essence à perte (projet abandonné par le gouvernement NDLR) et que là on nous oblige à prendre cette marge de 10%». «Il y a bien des députés qui vont se dire à un moment que ça manque de cohérence», a-t-il dit. M. Leclerc, comme d’autres grands distributeurs, espère un moratoire, pendant la période de forte inflation, sur l’entrée en vigueur de la loi Descrozaille, car celle-ci vise en outre à interdire aux distributeurs les promotions dépassant 34% sur les produits d’hygiène. Or, cette loi est issue d’une proposition de loi, et non d’un projet de loi gouvernemental, et seuls les parlementaires peuvent la modifier. Le 12 septembre sur France Info, la présidente de l’Assemblée nationale Yaël Braun-Pivet avait paru défavorable à ce moratoire: «Je ne suis pas de celles qui veulent défaire ce que l’on vient de faire», avait-elle dit. Mercredi sur la même antenne, M. Leclerc avait estimé «qu’il n’y a que les cons qui ne changent pas d’avis». Vendredi, il a assuré qu’il n’avait pas compris «que le propos était personnalisé»: «Je suis désolé, je n’avais pas à parler comme cela, je m’en excuse publiquement» a-t-il dit.