A. HASSAN (Creative Group) : «La Creator Economy peut générer des emplois stables et bien rémunérés lorsqu’elle est structurée»

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A. HASSAN (Creative Group) : «La Creator Economy peut générer des emplois stables et bien rémunérés lorsqu’elle est structurée»

En 2025, les investissements dans le marketing d’influence dépasseront pour la première fois la publicité traditionnelle. L’occasion pour mediaCom’ d’évoquer ce marché en pleine explosion et la création de la Creator School, avec Adham HASSAN, Fondateur de Creative Group. 

MEDIACOM Que représente le marketing d’influence en 2025 ? 

Adham HASSAN Le marketing d’influence n’a jamais été aussi puissant. Avec 33 milliards de dollars investis cette année, soit une multiplication par 20 en dix ans, nous assistons à un tournant historique. Ce n’est pas seulement un signe de maturité, c’est le début d’une ère où les créateurs peuvent enfin vivre pleinement de leur audience, développer leur production et attirer les meilleurs talents. Pour ceux qui sont déjà actifs dans la Creator Economy, cette croissance représente une fenêtre d’opportunité rare, à saisir dès aujourd’hui avant que le marché n’atteigne sa pleine maturité. 

MEDIACOM Avec cette croissance, quelle est la place pour les nouveaux créateurs de contenu ? 

Adham HASSAN L’augmentation des budgets d’influence ne profite pas seulement aux créateurs déjà établis, elle permet aussi à de nouveaux talents de se lancer plus facilement. Fini le temps de la précarité : même une audience de quelques dizaines de milliers de personnes peut désormais générer des revenus significatifs. Cela ouvre la porte à des investissements plus ambitieux dans la production, le matériel, les locaux et le recrutement de talents qualifiés, accélérant la montée en puissance des créateurs. 

MEDIACOM Le marché se professionnalise-t-il de plus en plus ? 

Adham HASSAN Les audiences, les usages et les revenus ne cessent de croître, offrant des opportunités concrètes pour générer de la valeur et bâtir quelque chose de durable. Contrairement à l’image parfois précaire que l’on se fait des créateurs, la Creator Economy peut générer des emplois stables et bien rémunérés lorsqu’elle est structurée. Les studios de production qui se développent autour des grands créateurs fonctionnent comme de véritables PME, employant des équipes de plusieurs dizaines de personnes. L’arrivée de l’intelligence artificielle ne supprime pas ces postes : elle en transforme la nature en déplaçant la valeur vers la créativité, le storytelling et la stratégie éditoriale. 

MEDIACOM L’intelligence artificielle est-elle un frein au développement de la Creator Economy ? 

Adham HASSAN La responsabilité des créateurs prend une dimension inédite. Ils doivent apprendre à collaborer avec l’IA sans trahir leur identité. Il faut donc jouer le jeu de la transparence, préciser quand un contenu est généré, et adopter une posture éthique vis-à-vis des audiences. Les marques aussi ont un rôle à jouer. En valorisant les collaborations humaines, en choisissant des créateurs pour leur point de vue plutôt que pour leur productivité, elles contribueront à préserver l’équilibre du marché. 

MEDIACOM Comment participez-vous au développement de ce marché? 

Adham HASSAN Avec mes partenaires Victor Habchy et Florie Bodin, nous avons lancé la Creator School pour fédérer et professionnaliser les créateurs de contenu à travers des événements, des formations et l’intervention de créateurs auprès des agences et des marques. L’objectif est de permettre aux créateurs de passer d’une activité passionnelle à une véritable trajectoire professionnelle, durable et pérenne. La première session a réuni 270 créateurs de contenu, cumulant plus de 300 millions d’abonnés. Pour cette première, nous avons reçu le soutien d’Instagram. 

MEDIACOM Les créateurs de contenu sont-ils touchés par une forme de fatigue créative ? 

Adham HASSAN De plus en plus, les créateurs de contenu parlent d’une course au concept. Le volume de production est si intense, poussé par la concurrence des autres créateurs et des algorithmes, qu’une certaine forme de fatigue créative s’installe. Certains n’hésitent pas à dénoncer les effets sur la santé mentale. De nombreux créateurs décident désormais de diminuer la charge de travail, pour ainsi prendre plus de temps à la réflexion de nouveaux concepts plus pertinents, plus forts. 

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