Alibaba à Liège : un risque d’accès à «des zones sensibles»

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L’installation prochaine à l’aéroport de Liège, en Belgique, du géant chinois du commerce en ligne Alibaba comporte un risque d’accès à «des zones sensibles» du territoire par les services de renseignement de Pékin, selon le ministre belge de la Justice. 

Les propos de Vincent Van Quickenborne, rendus publics vendredi, ont été tenus mercredi devant une commission parlementaire, au moment où les tensions politiques sont fortes entre l’UE et la Chine au point de remettre en cause un accord bilatéral sur les investissements. 

La législation en Chine, a affirmé le ministre belge, «oblige toutes les entreprises (du pays) à coopérer avec les agences de renseignement chinoises. 

Des entreprises comme Alibaba sont tenues d’ouvrir des postes au sein de 

l’entreprise à leurs agents». 

Et d’enchaîner : «Concrètement, ceux-ci pourraient avoir accès aux zones sensibles et sécurisées de l’aéroport ou aux données commerciales et personnelles détenues par Alibaba». 

M. Van Quickenborne, un libéral flamand, répondait aux questions du député écologiste Samuel Cogolati, pour qui l’arrivée à Liège d’une filiale d’Alibaba pourrait permettre d’y «déployer des espions chinois». 

Sans détour, le ministre a évoqué le travail sur ce sujet de la Sûreté de l’Etat, le service de renseignement civil en Belgique. 

«La Sûreté de l’Etat met en garde contre l’utilisation de dossiers économiques pour exercer une pression politique», a souligné M. Van Quickenborne. 

«La législation chinoise permet un contrôle étatique serré sur les entreprises privées, dont Alibaba. Vu sa taille, Alibaba a un comité du PCC (Parti communiste chinois) en son sein, dont la tâche est de veiller à ce que les politiques du parti soient suivies», a-t-il encore assuré. 

Au terme d’un accord en 2018 avec les autorités locales en Wallonie (sud 

francophone de la Belgique), Cainiao, filiale fret d’Alibaba, doit transformer 

en plateforme logistique un vaste terrain situé à côté de l’aéroport de Liège. 

Les travaux sont en voie de «finalisation» et le centre de distribution devrait être opérationnel «fin 2021», a-t-on précisé vendredi à la région wallonne. 

Le groupe chinois compte faire de ce site son grand «hub» en Europe occidentale pour relier cette région du monde à l’Asie et l’Afrique. 

«L’objectif ultime est de livrer chaque colis dans un délai de 72 heures à l’échelle internationale», avec au total six «hubs» logistiques dans le monde, 

disait Alibaba en 2018. 

Le ministre wallon en charge du dossier, Jean-Luc Crucke, a relativisé vendredi les craintes de M. Van Quickenborne. Il a affirmé ne jamais avoir été prévenu par le gouvernement fédéral de risques en termes de «sécurité 

intérieure».