L’antenne française de l’ONG Amnesty International dénonce dans un rapport publié mardi l’effet «spirale» de l’algorithme du réseau social TikTok, accusé d’amplifier l’exposition à des contenus en lien avec le suicide ou l’automutilation, et a saisi l’Arcom, régulateur de l’audiovisuel et du numérique.
«Amnesty International France a décidé de saisir l’Arcom pour porter plainte dans le cadre du DSA (Digital Services Act, le règlement européen sur les services numériques, ndlr) contre TikTok pour manquement à ses obligations», a déclaré à la presse Katia Roux, chargée de plaidoyer pour Amnesty International France. D’après les conclusions de l’ONG, des adolescents «manifestant un intérêt pour des contenus relatifs à la tristesse ou à un mal-être psychologique» sont orientés en moins d’une heure vers des «contenus dépressifs». Après avoir publié en 2023 un rapport sur l’algorithme du réseau social, Amnesty a mené de nouvelles expériences en France. Ce rapport «apporte de nouvelles preuves de la manière dont TikTok expose les jeunes sur sa plateforme à des contenus qui peuvent être préjudiciables, qui peuvent normaliser, banaliser, voire idéaliser la dépression, l’automutilation ou le suicide», a avancé Mme Roux. Sollicité, le réseau social a estimé que «sans tenir compte de la façon dont les vraies p e r s o n n e s utilisent TikTok, cette «expérience» a été conçue pour aboutir à un résultat prédéterminé». L’Arcom a confirmé avoir reçu la saisine de l’ONG. L’autorité «entend communiquer à la Commission européenne (…) tout élément de preuve en sa possession qui ferait apparaître, après instruction une infraction de la plateforme, en France, à ses obligations au titre du DSA», a-t-elle ajouté. En février 2024, la Commission européenne a ouvert une enquête visant TikTok pour des manquements présumés en matière de protection des mineurs.


