Apple a été condamné lundi par l’Autorité de la concurrence française à une amende de 150 millions d’euros pour abus de position dominante dans le cadre du ciblage publicitaire sur ses appareils, alors que des enquêtes similaires visent l’entreprise dans d’autres pays européens. Le géant américain se voit sanctionné pour l’utilisation de son dispositif ATT («App Tracking Transparency»), présenté comme une protection supplémentaire des données privées des utilisateurs. Les «modalités de mise en oeuvre (de ce dispositif) ne sont ni nécessaires, ni proportionnées à l’objectif affiché par Apple de protection des données», ce qui pénalise les éditeurs tiers, a souligné l’instance lundi lors d’une conférence de presse. «Bien que nous soyons déçus par la décision d’aujourd’hui, l’Autorité de la concurrence française n’a pas exigé de changements spécifiques à l’App Tracking Transparency (ATT), a réagi Apple dans un communiqué. L’antitrust français a indiqué qu’il était du ressort de l’entreprise américaine de se mettre en conformité. Ce montant de 150 millions d’euros «nous a paru approprié» et «raisonnable», a expliqué Benoît Coeuré, le président du gendarme français de la concurrence, qui représente selon lui «une somme assez modeste quand on prend en compte le chiffre d’affaires d’Apple», qui avoisine les 400 milliards de dollars en 2024. Apple devra également publier un résumé de la décision sur son site internet pendant sept jours. Petits éditeurs pénalisés : Pour justifier sa décision, l’Autorité de la concurrence relève que ce dispositif «engendre une multiplication des fenêtres de recueil de consentement compliquant excessivement le parcours des utilisateurs d’applications tierces» sur les Iphone et les Ipad. De plus, le fait pour l’utilisateur de devoir refuser deux fois, au lieu d’une, le traçage publicitaire sur les applications tierces «porte atteinte à la neutralité du dispositif, causant un préjudice économique certain aux éditeurs d’applications et aux fournisseurs de service publicitaire». Le régulateur estime estime que le dispositif tel qu’il est mis en place par Apple «pénalise tout particulièrement les plus petits éditeurs» qui «dépendent en grande partie de la collecte de données tierces pour financer leur activité». Introduit par le géant américain début 2021, le dispositif ATT donne lieu à l’ouverture d’une fenêtre de consentement à l’ouverture de chaque application. Si un utilisateur clique sur «non», l’application perd l’accès à l’identifiant publicitaire de cette personne, un numéro unique qui permet de le pister en ligne. Ce dispositif était soupçonné de favoriser les propres services d’Apple au détriment des applications tierces.