Le groupe de vente de vêtements en ligne britannique Asos a mis la main sur la célèbre marque Topshop et d’autres actifs du groupe Arcadia en faillite, mais sans reprendre les magasins, ce qui devrait se traduire par 2.500 pertes d’emplois.
a racheté les marques Topshop, Topman, Miss Selfridge and HIIT, ainsi que sur la propriété intellectuelle et les stocks, selon un communiqué lundi du cabinet Deloitte, qui gère la faillite d’Arcadia. Mais les 70 magasins restants de ces marques ne sont pas compris dans l’opération et «vont fermer», a indiqué une source proche du dossier. Une autre source a confirmé que cela devrait entraîner la disparition de 2.500 postes. Asos va payer au total 330 millions de livres, dont 265 millions pour les marques et 65 millions pour les stocks existants ou ceux déjà commandés. Le groupe a confirmé le rachat dans un communiqué distinct, promettant de continuer à développer les marques et rappelant qu’elles réalisaient des ventes d’environ 1 milliard de livres en 2019 avant la pandémie. «L’acquisition de ces marques britanniques emblématiques (…) va nous aider à renforcer notre stratégie visant à proposer une plateforme multi-marques», a déclaré Nick Beighton, directeur général d’Asos. Il a dit à des journalistes étudier la possibilité de garder ouvert le magasin phare de Topshop sur la célèbre artère commerçante de Londres, Oxford Street, tout en rappelant que le modèle du groupe est en ligne et que ce n’est donc pas une «priorité». «Après beaucoup de spéculations, Asos décroche les actifs convoités de l’empire déchu Arcadia», relève Russ Mould, analyste chez AJ Bell. Cela va lui permettre «de dégager plus de marges avec des vêtements qu’il vendait déjà sur sa plateforme grâce à un partenariat commercial», selon lui, observant que les marques tiers représentent déjà 60% de ses ventes. Le revers de la médaille est que l’opération va dépeupler un peu plus des centres-villes décimés par la crise sanitaire avec de nombreuses faillites.
«Coup dévastateur» : «Des marques assez solides pour tenir encore debout, comme Zara et H&M, vont renforcer leur position grâce à une moindre concurrence pour les gens qui préfèrent encore acheter en magasin», prévient M. Mould. Sans ses magasins, la célèbre marque à bas prix Topshop va perdurer, elle qui était encore il y a quelques années un emblème de la mode jeune et branchée, et joyau d’Arcadia, l’empire de l’homme d’affaires Philip Green. Arcadia, fort de 13.000 salariés au total, a fait faillite fin 2020. Interrogé, le cabinet Deloitte n’a pas pu indiquer combien d’emplois avaient été supprimés à ce jour au total. Au moment du dépôt de bilan, Arcadia comptait 444 magasins au Royaume-Uni et 22 à l’étranger. Le groupe avait vu sa situation financière se dégrader à grande vitesse du fait des fermetures imposées de magasins, mais ses problèmes sont plus anciens, notamment en raison d’un sous-investissements dans les activités en ligne. Le cabinet Deloitte avait déjà réussi à vendre la marque Evans à City Chic pour 23 millions de livres fin décembre. Il est en négociations exclusives avec Boohoo, un autre géant de la vente en ligne de vêtements et rival d’Asos, pour le rachat d’autres marques d’Arcadia – Burton, Dorothy Perkins et Wallis. Là encore le modèle en ligne de Boohoo est de mauvais augure pour les magasins et leurs employés.
