Auchan : un semestre 2022 très amer 

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Impact de l’invasion de l’Ukraine par la Russie, dépréciation des activités en France, poids de l’inflation sur les marges: Auchan reste sur un premier semestre 2022 très amer, mais espère en faire un moment «charnière» vers un redressement. 

Les dirigeants du groupe l’ont martelé mardi lors d’une conférence de presse: le recul de la rentabilité, à savoir de l’excédent brut d’exploitation (Ebitda), est «assumé». 

Jean-Baptiste Emin, directeur général délégué d’ELO, la holding d’Auchan, et le directeur financier du groupe contrôlé par l’Association familiale Mulliez (AFM), Ludovic Delcloy, assurent que l’entreprise a choisi de réduire ses marges pour mettre en place une «stratégie offensive» sur les prix, «notamment en France, pour soutenir le pouvoir d’achat des consommateurs». 

Investir pour la «compétitivité» : Dans un contexte de forte préoccupation des consommateurs envers leur pouvoir d’achat, les enseignes trop chères par rapport à la concurrence, ou identifiées ainsi, risquent de voir les clients s’en détourner. Auchan entend donc limiter au maximum les hausses de prix en rayon pour éviter de perdre des clients et tenter d’en gagner. Disant investir pour sa «compétitivité», le groupe entend aussi renforcer ses actions commerciales et augmenter ses investissements publicitaires. Actuellement 5ème distributeur en France en termes de parts de marché (derrière E.Leclerc, Carrefour, Intermarché et Système U), il est en recul régulier depuis des années, selon les données du panéliste Kantar, qui fait référence. 

Pris en ciseau entre, d’une part, les mesures décidées par le groupe et, d’autre part, l’inflation des salaires et des coûts de l’énergie, l’Ebitda du distributeur en France s’affiche en fort recul, à 440 millions d’euros sur les six premiers mois de 2022, contre 561 millions à la même période de 2021.Avec une nouvelle gouvernance en place depuis début 2022, Auchan dit vouloir «prendre un nouveau départ», avec cette stratégie, ayant intégré au passage dans ses comptes une importante dépréciation de 128 millions d’euros de son activité en France, «au titre des résultats passés», selon Ludovic Delcloy. 

Impact du conflit Russie-Ukraine : Le groupe a également déprécié à hauteur de 104 millions d’euros ses activités en Russie et en Ukraine, deux pays où il est bien implanté, dans la continuité de l’invasion de la seconde par la première en février dernier. Auchan, qui contrairement à de nombreuses enseignes avait décidé de poursuivre son activité en Russie, a notamment déprécié de 33 millions d’euros ses activités en Ukraine, ramenant leur valeur à zéro dans ses comptes, comme il l’avait déjà fait pour la Russie en 2020. Mardi, le groupe a évalué l’impact du conflit sur ses magasins et stocks à hauteur de 18 millions d’euros, et sur ses immeubles en Russie à 48 millions d’euros. Cette dépréciation du parc immobilier «recouvre une certaine prudence comptable», a détaillé l’état-major du groupe mardi, en raison notamment d’un marché difficile pour les actifs commerciaux dans le pays. Le groupe a en outre enregistré un «ralentissement marqué» de son activité commerciale en Russie, un de ses points forts avant la guerre. Rappelant que l’activité d’Auchan s’y fait «en autonomie maximale et dans le strict respect de l’embargo européen», Ludovic Delcloy dit que le premier trimestre «s’est bien passé, poussé par une économie de guerre», mais qu’un «dégonflement» a eu lieu au deuxième. Et l’activité du groupe est pénalisée par l’»absence de grandes enseignes» comme Ikea ou Inditex autour des magasins Auchan, de nombreuses entreprises ayant décidé de cesser leur activité en Russie.