Carrefour poursuit son plan d’externalisation : 37 nouveaux magasins en location-gérance en 2024

0
285

Carrefour a annoncé vendredi prévoir le passage de 37 nouveaux magasins en location-gérance en 2024, dans la continuité d’un vaste programme d’ «externalisation» des super et hypermarchés lancé par son PDG Alexandre Bompard depuis 2018, qui lui vaut d’être accusé par les syndicats de «casse sociale à bas bruit». 

«Le groupe Carrefour vient d’annoncer la cession de 16 hypermarchés et de 21 supermarchés Market à des repreneurs», a indiqué la CFDT Services vendredi dans un communiqué. «Ces établissements passeront en location-gérance en 2024. Cela concerne près de 4 000 salariés qui vont perdre leurs accords d’entreprise et 2 mois de rémunération par an (en moyenne)». La location-gérance consiste à confier à un tiers l’exploitation du magasin, tout en restant propriétaire du fonds de commerce. Chaque année depuis cinq ans, se pose la même question pour les salariés de Carrefour: lesquels verront leurs magasins sortir du giron du groupe membre du CAC 40 pour être exploités par de plus petites structures, franchisés ou locataires-gérants? Selon plusieurs sources, les 16 magasins de grande taille concernés sont situés à Alençon, Cholet, Guingamp, Lormont, Romorantin, Nantes Beaujoire pour l’ouest de la France. A Douai Flers, Épinal, Fourmies, Maubeuge et Saint-Martin-au-Laërt dans le Nord. A Gennevilliers, Rungis Belle Épine et Sartrouville en Ile-de-France et à Avignon et Marseille-Le Merlan dans le Sud de la France. Le nombre de magasins à basculer est dans la droite ligne des précédentes années, après 41 magasins dont 16 hyper en 2023, 43 magasins dont 16 hyper en 2022, 47 magasins dont 10 hypermarchés en 2021. Au total, depuis l’arrivée d’Alexandre Bompard à la tête du groupe, ce sont 305 magasins (dont 80 hypermarchés) qui ont quitté son giron, soit plus de 23.000 salariés ainsi sortis des effectifs de Carrefour, selon les estimations de la CFDT. 

Période de transition : La direction de Carrefour ne donne plus d’informations sur le nombre de salariés directs du groupe en France. La direction de Carrefour explique vendredi que «le choix de la location-gérance, c’est le choix d’éviter la fermeture d’hypermarchés en difficulté» et plaide que le procédé a «prouvé sa capacité à redresser la performance de magasins fortement déficitaires, grâce à un management de proximité et une gestion plus agile du locataire-gérant». Le spécialiste de la distribution Olivier Dauvers y voyait en début de semaine sur son blog un «double effet: externaliser des foyers de pertes (ça améliore mécaniquement le résultat); et relance commerciale avec un indépendant qui est directement intéressé à la marche de l’affaire, donc plus impliqué». Avec la franchise comme la location-gérance, «la société centrale va générer du résultat sur son volume d’activité en ayant externalisé un certain nombre de dépenses», à commencer par les salaires ou les investissements, expliquait en juillet un autre spécialiste du secteur, Philippe Goetzmann. Les syndicats déplorent en revanche une équation moins favorable aux salariés. Un magasin franchisé est une entreprise indépendante et ses accords d’entreprise ne sont pas les mêmes que ceux d’un grand groupe.