Le Premier ministre suédois a soutenu vendredi le fleuron suédois de l’habillement H&M, cible d’une campagne de boycott en Chine pour s’être engagé à ne pas acheter de coton du Xinjiang sur fond d’allégations de travail forcé d’Ouïghours.
«Je pense que c’est très bien quand les entreprises prennent leurs responsabilités sur les conditions de travail des salariés partout dans le monde, que les salariés soient traités avec respect», a déclaré le chef du gouvernement Stefan Löfven, interrogé lors d’une conférence de presse sur le boycott de la marque suédoise.
«C’est pour cela que l’Union européenne a également écrit dans l’accord d’investissement avec la Chine (annoncé fin 2020, ndlr) que la Chine devrait ratifier d’importantes conventions de l’Organisation internationale du travail», a rappelé le Premier ministre social-démocrate.
Dans le même temps, le dirigeant suédois a appelé à avoir une relation équilibrée avec la Chine.
«Nous voulons avoir un bon dialogue et de bons échanges avec la Chine. La Chine est un grand et important pays», a-t-il ajouté.
Après la publication d’études sur le «travail forcé» au Xinjiang, plusieurs entreprises de prêt-à-porter comme le suédois H&M, l’américain Nike, l’allemand Adidas ou le japonais Uniqlo se sont engagées l’an passé, dans descommuniqués, à boycotter le coton du Xinjiang.
Les communiqués de ces entreprises sont opportunément réapparus cette semaine sur le réseau social chinois Weibo, déclenchant une polémique alimentée par l’imposition lundi par l’Union européenne, le Royaume-Uni, les Etats-Unis et le Canada de sanctions contre la Chine concernant le traitement des Ouïghours.
Première entreprise visée, H&M avait déjà vu mercredi ses produits retirés des principaux sites chinois de vente en ligne, même si ses quelque 500 magasins restent ouverts.
Sollicité vendredi, le numéro 2 mondial de l’habillement, qui fait plus de 5% de son chiffre d’affaires en Chine où il compte près de 10% de ses magasins, n’a pas voulu commenter la situation.
La Suède fait partie des pays ayant convoqué son ambassadeur de Chine mardi à la suite de la décision chinoise de sanctionner dix personnalités européennes, dont le chercheur suédois Björn Jerdén.
Un des sujets d’irritation avec Pékin ces derniers mois a été le bannissement par l’autorité suédoise des télécoms des équipements du géant chinois Huawei de l’appel d’offres pour la 5G en Suède, au nom de la sécurité nationale.
Sollicité, le ministère suédois des Affaires étrangères a indiqué suivre les informations sur le boycott de H&M en Chine.
«Le gouvernement prend très au sérieux la situation des droits de l’Homme au Xinjiang. La Suède comme l’UE ont exprimé à plusieurs reprises leurs inquiétudes concernant la situation», a affirmé le ministère dans une déclaration écrite.