Intermarché va lancer lundi un «drive solidaire», annoncé à grand renfort d’encarts dans la presse locale et nationale jeudi, proposant aux commerces locaux, les libraires dans un premier temps, de mettre leurs produits en vente dans la place de marché numérique des supermarchés du groupe.
«On entend la colère, la détresse des petits commerçants et en particulier des libraires, on entend le discours de pousser à la digitalisation, au click&collect, mais tous ne sont pas forcément prêts», explique jeudi le président d’Intermarché et de Netto, Thierry Cotillard.
«L’idée est de donner un coup de main aux commerçants en mettant à leur disposition nos outils digitaux, notre plateforme de click&collect, avec dans un premier temps les libraires. Le «click» se fait sur notre site, mais le «collect» est fait dans leur boutique», poursuit-il.
Dimension «locale» du dispositif: «les libraires de Lorient peuvent proposer leurs livres dans les drives solidaires de l’Intermarché» de la ville. «C’est possible dans 1.500 drives en France».
La place de marché numérique d’Intermarché a été développée avec Mirakl, pionnier français des places de marché en ligne, qui a réalisé fin septembre la plus grosse levée de fonds jamais réalisée par une start-up française.
Dans ses encarts publicitaires dans la presse, Intermarché a ciblé le géant américain Amazon. «Sorry Jeff, nous sommes d’ores et déjà en train de travailler à rendre ce service disponible pour les autres commerces de proximité en difficulté», y est-il notamment écrit.
Elus et commerçants ont été nombreux ces derniers jours à estimer que la fermeture de certains commerces physiques va faire le bonheur de l’e-commerce en général, d’Amazon en particulier.
S’il a expliqué ne pas vouloir «passer pour un mauvais perdant», et voir le géant américain comme «un excellent aiguillon pour accélérer notre transition digitale», Thierry Cotillard rappelle aussi la «demande d’une vraie équité fiscale».
Amazon, qui revendique 420 millions d’euros de contribution fiscale totale en France (en comptant la TVA), est régulièrement accusé d’être avantagé en termes de fiscalité par rapport aux distributeurs.
«La forme de la distribution, les achats d’aujourd’hui font l’économie et les emplois de demain», conclut Thierry Cotillard.
Mercredi, le distributeur Carrefour avait annoncé, également en partenariat avec Mirakl, la mise en place d’«une solution de digitalisation accélérée», offrant à certains commerces «l’abonnement à sa marketplace jusqu’à la fin de l’année 2020».
Parmi les conditions, vendre des produits alimentaires, d’hygiène, de soins et de beauté, de l’animalerie ou de la puériculture «répondant à des exigences de qualité», et «être en capacité de livrer sur tout le territoire français et d’assurer un service client en français».