La Caisse des Dépôts, actionnaire à hauteur de 6,1% de Veolia, est prête à soutenir «une solution négociée» dans le dossier Suez, alors que la tentative de rachat dont il fait l’objet par son concurrent Veolia s’enlise depuis octobre, a déclaré son patron Eric Lombard au quotidien Les Echos.
«Nous pourrions intervenir en soutien d’une solution négociée, comme nous
l’avons toujours dit, qui permettrait de consolider deux grands groupes français. Nous pensons qu’il faudra un ancrage actionnarial français à ces deux groupes», a-t-il déclaré dans l’édition des Echos de mercredi.
«Cet ancrage doit être assuré par des actionnaires ayant une vision de long terme afin que la question ne se pose pas à nouveau dans cinq ans. Nous pourrions jouer un rôle s’il y a accord. Et nous sommes toujours prêts à parler aux principaux protagonistes», a-t-il ajouté.
Après le rachat de 29,9% de ses titres par Veolia à Engie début octobre, Suez a fermé la porte aux discussions avec son vieux rival concernant une OPA «amicale» sur le reste de ses actions, dénonçant une casse sociale et industrielle.
Continuant à chercher un repreneur, Suez a finalement annoncé dimanche avoir reçu une offre d’Ardian avec le fonds américain GIP.
Elle ouvre notamment une porte de sortie à Veolia en proposant de lui racheter sa participation dans Suez.
Mais Veolia a aussitôt fait savoir, dès dimanche soir, qu’il refusait de vendre ses parts dans Suez.
«Notre objectif est de racheter Suez», a ensuite martelé le PDG de Veolia Antoine Frérot à la presse lundi soir.
«Je veux construire un grand projet industriel et j’ai besoin des actifs qui peuvent le constituer».
Concernant Carrefour, cible du géant canadien Couche-tard et dont la Caisse des Dépôts est actionnaire, M. Lombard a défendu l’interventionnisme de l’Etat qui a opposé un veto «clair et définitif» à tout rapprochement entre les deux groupes.
«Le monde des affaires a vivement réagi. Mais nos entreprises ont bénéficié
du chômage partiel et des différents dispositifs de soutien. Il est normal que l’Etat, qui tient à bout de bras toute l’économie, limite en ce moment la capacité de certains acteurs à faire leur marché en France», a estimé le
patron de la Caisse des Dépôts.
«Quant à la Caisse, elle ne peut à elle seule défendre tous les champions français. Sur 80 milliards d’euros d’actions détenues par le groupe, près de 60 milliards sont cotés. Mais quand il y a une situation où c’est utile, nous intervenons en coordination avec Bpifrance et l’Agence des participations de l’Etat», a-t-il ajouté.