C’est un monument de l’identité parisienne qui s’éveille après un sommeil de 16 ans: la Samaritaine, grand magasin historique en plein coeur de Paris a rouvert mercredi, transformée en temple du luxe pour attirer notamment les touristes.
«Il y a un art de vivre français ici» déclarait lundi Emmanuel Macron quelques jours avant que les premiers clients ne reviennent dans ce «formidable trésor patrimonial français» à l’architecture somptueuse, une structure métallique Eiffel, des joyaux de l’Art nouveau et de l’Art déco. «C’est magnifique, les détails des escaliers, la structure. C’est vraiment super qu’ils aient gardé les détails d’origines», se réjouit Simone Daemen, une touriste hollandaise de 29 ans qui avait appris par hasard la réouverture. Né en 1870 avec la IIIe République, la Samaritaine s’est progressivement inscrite dans l’identité de la capitale, jusqu’à son déclin commercial au tournant des années 80 et sa fermeture en 2005. «Les Parisiennes du monde entier viennent y chercher tout ce qu’elles aiment», «On trouve tout à la Samaritaine»… Les slogans des années 60-70 fleuraient bon l’insouciance des Trente glorieuses, quand la Samaritaine était incontournable et populaire. «Avant c’etait super, il y avait absolument tout, mais vraiment tout: la quincaillerie, le blanc, la mercerie… On venait tout le temps avec notre mère, on pouvait trouver une poignée de porte par exemple», se souvient Jocelyne Gaillot, 71 ans, accompagnée de sa soeur. «On est contentes, on n’achètera rien mais on est venues pour voir». C’est désormais autre chose v: 20.000 m2 dédiés au luxe, proposant 600 marques mêlant mode, art de vivre et gastronomie et deux «concept-stores». Une transformation sous la houlette du groupe LVMH dirigé par le milliardaire Bernard Arnault. «C’est une renaissance», disait lundi Mourad Khati, 53 ans, responsable d’encaissement et un des rares salariés d’origine encore présents. «J’étais entré à 21 ans, en arrivant de ma Kabylie» se souvient-il, nostalgique. «A l’époque, c’était plus populaire. Aujourd’hui, c’est très haut de gamme».
Hôtel et logements sociaux : Actionnaire majoritaire du grand magasin déficitaire et vétuste depuis 2001, LVMH a eu de grandes difficultés à faire passer son projet comprenant un hôtel de luxe de sa marque Cheval Blanc de 72 chambres et suites avec vue plongeante sur la Seine, qui ouvrira le 7 septembre. Quatre restaurants, dont un gastronomique dirigé par le chef étoilé Arnaud Donckele, ont aussi été créés, mais également une crèche de quartier et 97 logements sociaux. De 2012 à 2015, les travaux avaient été suspendus par des recours d’associations de sauvegarde du patrimoine, qui contestaient notamment la réalisation d’une façade contemporaine en verre, côté rue de Rivoli. A terme, le site emploiera environ 3.000 personnes, dont très peu des quelque 700 salariés de l’historique Samaritaine, dont le nom est tiré de celui d’une ancienne pompe à eau construite sur le Pont neuf au XVIIème siècle. «C’est un magasin adapté à deux clientèles : la clientèle parisienne que nous trouvons également au Bon Marché ou dans les grands magasins du boulevard Haussmann, qui j’espère va revenir ici avec plaisir, non seulement pour acheter mais aussi pour se divertir, visiter, profiter des restaurants (…) et les touristes. Pour l’instant ce sont les Français qui vont être en grande majorité parce qu’il y a encore peu de touristes à Paris. D’ici un an ou deux, ils reviendront bien entendu», a estimé M. Arnault mercredi sur RTL.