Regain d’intérêt pour l’actualité, méfiance toujours vive, place croissante des réseaux sociaux: ce sont quelques-uns des enseignements du baromètre annuel sur la confiance des Français dans les médias publié lundi par le journal La Croix.
Actu: le rebond Fait marquant de ce baromètre réalisé depuis 1987: le regain d’intérêt pour l’actualité. 76% des sondés (1.500 majeurs interrogés par internet ou téléphone selon la méthode des quotas) disent la suivre «avec un grand intérêt», contre 62% l’an passé. «C’est le cinquième plus haut niveau en 35 ans», a souligné Jean-Christophe Ploquin, rédacteur en chef de La Croix, lors d’une conférence de presse. Cette proportion est cependant moindre chez les moins de 35 ans (66%). En outre, quatre sondés sur dix disent s’intéresser davantage à l’actu qu’il y a quelques années. Cela coïncide avec «une actualité riche en 2022» (Ukraine, présidentielle en France…) après la période du Covid, a commenté Guillaume Caline, de l’institut Kantar Public, qui réalise ce baromètre. C’est toutefois à nuancer par le fait qu’un sondé sur cinq (21%) s’y intéresse moins qu’avant, et même un sur trois (33%) chez les moins de 35 ans. Et la moitié des sondés (51%) ressent «souvent de la lassitude» envers l’actualité, la fameuse «fatigue informationnelle» pointée par plusieurs études récemment.
Méfiance, toujours Même si le jugement est moins sévère que l’an dernier, la perte de confiance reste une tendance de fond. Plus de la moitié des sondés (54%) pense que, «la plupart du temps, il faut se méfier de ce que disent les médias sur les grands sujets d’actualité». Pour autant, «ce réflexe de méfiance» existe surtout quand on considère les médias «de manière globale», en tant qu’»institution», a pondéré M. Caline: «Pris isolément, c’est bien moins négatif». Ainsi, parmi les sondés qui s’informent via les JT, 73% leur font confiance. Cette proportion est aussi de 73% pour la radio, 66% pour les quotidiens nationaux mais seulement 46% pour les émissions d’actualité et de divertissement à la télé et 40% pour les influenceurs. Par ailleurs, l’image des journalistes reste dégradée: 59% des sondés pensent qu’ils ne résistent pas aux pressions politiques et 56% à celles de l’argent.