Fnac Darty est devenu dimanche le premier grand groupe français à bénéficier du dispositif de prêts garantis par l’Etat, obtenant 500 millions d’euros de plusieurs banques pour l’aider à passer le cap de l’épidémie de Covid-19 qui l’a forcé à fermer ses magasins physiques.
«Avec plus de 20 milliards d’euros de prêts accordés à 150.000 entreprises, le déploiement du prêt garanti par l’Etat est aujourd’hui une réalité pour les entreprises françaises, quelle que soit leur taille», souligne le ministre de l’Economie et des Finances Bruno Le Maire dimanche, dans un communiqué. «Le prêt garanti par l’Etat est un levier majeur pour les aider à franchir sans heurt cette période économique difficile», ajoute-t-il. Peu après le confinement de la population en France et la fermeture obligatoire des commerces non essentiels, le gouvernement s’était engagé à garantir jusqu’à 300 milliards d’euros de prêts aux entreprises. Pour les grandes entreprises réalisant plus de 1,5 milliard d’euros de chiffre d’affaires, ces prêts sont couverts à hauteur de 70% ou 80%. L’emprunt de Fnac Darty, dont 70% sera garanti par l’Etat, «aura une
maturité d’un an, avec option d’extension jusqu’à cinq années additionnelles (avril 2026)». Il a été souscrit auprès d’un pool de banques comprenant Arkéa, BNP Paribas, Bred, CIC, Crédit Agricole CIB, La Banque Postale, LCL, Natixis CIB et Société Générale CIB. Celles-ci s’engagent donc à couvrir 30% du montant, contre 10% pour les prêts garantis par l’Etat aux PME. D’autres grandes entreprises sont fortement susceptibles d’avoir recours à ce dispositif pour passer la crise, notamment la compagnie Air France pour laquelle M. Le Maire doit présenter dans les prochains jours les mesures de soutien, ou le constructeur automobile Renault donc le président Jean-Dominique Senard avait déclaré envisager d’emprunter jusqu’à 4 ou 5 milliards d’euros. Pour Fnac Darty, il s’agit de «sécuriser la liquidité du groupe» et de «préparer la reprise des activités», alors que l’ensemble des magasins physiques en France, en Espagne, en Suisse et en Belgique sont fermés depuis la mi-mars, rejoints par tous ceux du Portugal à la fin du mois.
Pas de dividende : Le groupe a également tiré «de façon préventive» sur sa ligne de crédit renouvelable de 400 millions d’euros, et assure être «déterminé à poursuivre une relation de partenariat de confiance avec ses fournisseurs à long terme». Le distributeur a annoncé dimanche, avec cinq jours d’avance sur le calendrier de ses résultats trimestriels, avoir vu ses recettes chuter de 7,9% en données publiées à 1,49 milliard d’euros (et de 10,3% en données comparables) entre janvier et mars. Lors de ce dernier mois, les ventes du groupe ont dégringolé de 30%, a-t-il précisé, en soulignant néanmoins que ses ventes en ligne (20% de son chiffre d’affaires en 2019) avaient doublé lors des 15 derniers jours de mars et au début du mois d’avril. Le groupe, qui avait déjà prévenu qu’il ne serait pas en mesure de tenir ses objectifs financiers pour 2020, a en outre annoncé dimanche qu’il retirait sa proposition de versement de dividende de 1,50 euro par action au titre de l’exercice 2019, et qu’il ne procéderait pas à des programmes de rachat d’actions en 2020. Cette décision est conforme aux injonctions du gouvernement qui avait annoncé fin mars une interdiction de verser des dividendes pour les entreprises qu’il aide à surmonter la crise du coronavirus.