La SNCF attend 20 millions de voyageurs dans ses trains pendant cet «été pas comme les autres» marqué par la crise du coronavirus, contre 25 millions l’an dernier, indique dans un entretien le PDG de SNCF Voyageurs, Christophe Fanichet.
«C’est aussi le premier été pour SNCF Voyageurs, notre nouvelle organisation», rappelle le dirigeant. Créée par la réforme ferroviaire de 2018, cette nouvelle société anonyme est née le 1er janvier en pleine grève des cheminots contre le projet de réforme des retraites. Elle rassemble comme son nom l’indique les trains de voyageurs, TGV et Intercités (SNCF Voyages), les TER, Transilien (trains de banlieue d’Ile-de-France) et les services en ligne, dont le site oui.sncf. «Cette année, cette combinaison va nous permettre de voir environ 20 millions de voyageurs pendant tout cet été, aussi bien dans les TGV et les Intercités bien sûr, et aussi les TER», estime-t-il.
«Normalement, on est plutôt autour de 25 millions», ajoute M. Fanichet. «On espère que ce sera plus!» «Les Français ont vraiment envie de vacances, ils ont envie de souffler» après le confinement. «Aujourd’hui, on a des Français qui ont envie de découvrir la France». Mais si les réservations ont atteint les mêmes niveaux que l’année dernière aux mêmes dates, «on n’a pas rattrapé le retard», bien que la SNCF promette échanges et remboursements sans frais jusqu’à fin août, déplore-t-il. «On a encore pas mal de places dans nos trains», avec pour l’instant 20% de trains complets le weekend et des taux de remplissage de l’ordre de 50% en juillet et de 35% en août, expose-t-il, un brin amer. La SNCF dit avoir pourtant «quadruplé» le nombre de billets vendus à petits prix, tant dans les TGV et Intercités que dans les TER.
«Retrouver tous nos clients» : «C’est très compliqué d’arriver à expliquer quelle est la raison de ce retard», selon lui: un attentisme certain des Français, «l’incertitude de pouvoir voyager sereinement partout en France» «et il y a aussi des Français qui, compte tenu de la situation économique, s’interrogent sur le fait de savoir si c’est le bon moment de partir en vacances ou pas». Or «tous nos voyageurs vont pouvoir voyager en toute sécurité sanitaire», avec port du masque obligatoire et nettoyage renforcé des trains, ajoute-t-il. Dans l’immédiat, la SNCF va porter ses efforts sur le premier weekend des grands départs en vacances, avec un service revenu à la normale –sauf
quelques TGV supprimés car vraiment trop vides, et des services perturbés par des travaux– pour la première fois depuis le confinement. Elle attend 800.000 voyageurs dans ses TGV et Intercités, qui seront aiguillés dans les gares par 1.500 «gilets rouges» (des agents volontaires envoyés sur le terrain), dont M. Fanichet lui-même pour le lancement du premier TGV à bas coûts Ouigo Paris- Lyon. La compagnie publique attend «un peu plus de 1,5 million» de voyageurs sur le weekend suivant incluant le pont du 14 juillet. Christophe Fanichet préfère ne pas s’étendre sur le bilan financier de l’été, alors que taux de remplissage insuffisants et petits prix risquent de faire rouler les TGV à perte. «J’espère que cet été sera un été positif», hasarde-t-il. «Notre priorité, c’est de retrouver tous nos clients.» Même prudence quant au retour des voyageurs professionnels à la rentrée. «On ne sait pas comment les Français vont appréhender les mois de septembre et d’octobre».