Allemagne : le chantier de l’usine Tesla inquiète la population

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A quelques kilomètres de Berlin se joue une bataille aux airs de David contre Goliath : le chantier de la «giga-usine» du constructeur automobile Tesla se heurte au refus d’une partie de la population, inquiète pour ses ressources en eau. 

«Quand j’ai entendu à la télévision que l’usine Tesla allait s’installer ici, je ne l’ai pas cru», se souvient Steffen Schorch, au volant de son automobile de marque allemande. A 60 ans, cet habitant de la commune d’Erkner, à trois stations de train de la capitale, est un des visages de la lutte contre la première usine européenne de véhicules électriques de Tesla, qui doit ouvrir en juillet, dans la région du Brandebourg, près de Berlin. «Tesla a besoin de beaucoup trop d’eau, et cette eau n’existe pas dans la région», s’indigne ce militant écologiste, responsable d’une association de quartier et référent de l’influente ONG allemande Nabu. Annoncée en novembre 2019, le projet a été accueilli avec ferveur dans le pays, fier de l’honneur rendu à l’industrie «Made in Germany». Mais il a aussi suscité la défiance dans le voisinage direct de la future usine. Manifestations, recours en justice, lettres ouvertes… des habitants, soutenus par les ONG fédérales environnementales Nabu et Grüne Liga, ont tout 

fait pour retarder le projet. L’an dernier, la justice a même contraint Tesla à suspendre son chantier, après une plainte en référé d’associations craignant la destruction d’habitat naturel d’espèces protégées de lézards et de serpents. 

«Rue Tesla» : Désormais, c’est la consommation d’eau de la future usine qui est mise en cause. Celle-ci pourrait atteindre, au gré d’agrandissements successifs, près de 3,6 millions de cube chaque année, soit 30% du volume disponible de la région, selon une enquête de la chaîne de télévision ZDF. Un poids supplémentaire dans des localités déjà en tension, touchées ces trois dernières années par des sécheresses estivales, estiment les 

associations. «La situation de l’eau est mauvaise, et va se détériorer», affirme Heiko Baschin, porte-parole de l’association locale IG Freienbrink. Le risque d’asséchement des zones humides protégées, refuge de la biodiversité locale, inquiète également. «Les capacités ne sont pas pour l’instant dépassée», a assuré en mars le ministre de l’Environnement du Brandebourg, Axel Vogel, à la télévision allemande. Mais les autorités admettent «l’impact notable des sécheresses», et ont fondé un groupe de travail pour réfléchir à la question sur le long terme. La «giga-factory» s’étendra sur 300 hectares, pour une production de 500.000 véhicules électriques par an et abritera «la plus grande fabrique de batteries au monde». Le chantier a été réalisé au pas de charge, selon les souhaits d’Elon Musk, patron de l’entreprise californienne. En un an et demi, les vastes forêts de conifères ont laissé place à plusieurs fondations de béton sur un sol ocre, auxquel les camions accèdent par la «Tesla Strasse» (rue Tesla).