Les syndicalistes qui ont remporté une victoire majeure en vue de la
création du premier syndicat dans un entrepôt américain d’Amazon ont
dit vendredi avoir été contactés par une centaine d’autres sites du groupe
dans le pays.
«Nous assistons à une révolution», a
déclaré Christian Smalls, président du
Amazon Labor Union (ALU), une
semaine après que ce groupe de militants
a remporté un vote historique
auprès des salariés du site JFK8, situé
dans le quartier de Staten Island à
New York.
«Les cinquante Etats (américains)
nous ont appelés», a-t-il dit lors d’une
conférence de presse aux allures de
rassemblement politique festif.
La bataille n’est pas finie à New
York – Amazon prévoit de déposer un
recours auprès du régulateur – mais
Christian Smalls veut organiser une
conférence nationale en mai pour
donner des conseils aux employés
d’autres entrepôts.
«Nous allons les aider», a-t-il promis.
«Je ne sais pas exactement comment,
mais nous allons essayer».
Dans son recours, Amazon entend développer
plusieurs objections.
L’entreprise estime notamment que
l’ALU a «menacé des employés pour
les forcer à voter oui» et «fait campagne
auprès des employés dans la
file d’attente pour voter», d’après des
documents officiels déposés jeudi auprès
de l’agence fédérale chargée du
droit du travail (NLRB).
Les militants y voient des manoeuvres
pour retarder la création effective du
syndicat. M. Smalls a qualifié ces accusations
d’«âneries».
Il a expliqué être prêt à voyager pour
participer à d’autres campagnes en
faveur de la syndicalisation, et a évoqué
le mouvement en cours chez Starbucks.
Plus de 180 cafés de la chaîne se sont
mobilisés après que les salariés de
deux établissements de Buffalo, dans
le nord-est des Etats-Unis, ont voté en
décembre pour la création d’un syndicat,
une première dans le pays.
Vendredi, trois Starbucks de plus se
sont prononcés en faveur de la syndicalisation,
soit un total de 16 dans le
pays.
La victoire du site Amazon de Staten
Island a donné de l’espoir à de nombreux
salariés aspirant à être représentés
par un syndicat.
Deuxième employeur aux Etats-Unis
après Walmart (distribution), le géant
du commerce en ligne avait depuis sa
création en 1994 réussi à repousser les
velléités des employés souhaitant se
regrouper dans le pays.
A Bessemer, dans l’Alabama, une
campagne de syndicalisation prometteuse
a échoué il y a an. Le NLRB a en
effet estimé qu’Amazon avait enfreint
les règles, et un nouveau scrutin a été
organisé en mars, mais il y a tellement
de bulletins contestés que le résultat
n’est pas encore connu.