Les commerces de centre-ville en Angleterre pourraient perdre plus de 400.000 emplois en raison de la fragilisation d’innombrables magasins confrontés à la pandémie, prévient une étude publiée jeudi par KPMG.
Le cabinet, qui a passé en revue 109 villes anglaises, souligne que le secteur de la distribution va souffrir de l’essor du travail à la maison et d’achats sur internet au détriment du commerce physique. Les salariés se rendront donc beaucoup moins sur leurs lieux de travail le plus souvent situés au coeur des villes. KPMG estime que les centres-villes pourraient perdre entre 20 et 40% de leur offre en matière de commerces, affectant entre 1 et 5% des salariés, soit plus de 400.000 emplois au total. Le rapport montre toutefois que les grandes villes sont mieux armées pour répondre à l’effondrement du commerce puisqu’elles disposent de solutions alternatives, que ce soit des lieux sportifs, de loisirs ou de nombreux restaurants. C’est le cas notamment de Londres, de Manchester (nord) ou de Birmingham (centre). Mais les petites villes, notamment dans le sud, qui sont proches de la capitale britannique, vont souffrir davantage car plus dépendantes des commerces. «Les gens se déplacent moins pour travailler ou pour faire des achats et les centres-villes doivent trouver des offres alternatives pour occuper les locaux vacants et attirer les gens» une fois que la pandémie sera derrière nous, souligne Yael Selfin, économiste chez KPMG. «Les centres-villes ont besoin d’être réimaginés comme centres culturels et de loisirs afin d’être attractifs pour les entreprises et les emplois», selon elle. En octobre, la City de Londres, l’un des quartiers d’affaires les plus importants au monde, avait ainsi promis de «se réinventer» en misant sur les start-up, les arts et la flexibilité dans le travail face aux menaces induites par la pandémie. KPMG estime en outre que cette crise du commerce à travers l’Angleterre pourrait compliquer la tâche du gouvernement conservateur du Premier ministre Boris Johnson qui s’est fait élire notamment sur la promesse de réduire les inégalités régionales dans le pays. La crise économique causée par les restrictions décidées pour contrer le virus ont déjà entraîné une série de faillites au Royaume-Uni dans les commerces, en particulier dans l’habillement et la restauration, au prix de dizaines de milliers de pertes d’emplois. Le groupe britannique Whitbread, maison mère des hôtels Premier Inn et de
chaînes de restaurants, a ainsi annoncé jeudi la suppression de 1.500 emplois. C’est toutefois beaucoup moins que les 6.000 qu’il envisageait en septembre dernier et qui aurait correspondu à 18% de ses effectifs. Le groupe explique avoir atteint ses objectifs de réduction de coûts face à la chute de la demande grâce à de nombreux salariés qui ont accepté une baisse des heures travaillées. Par ailleurs, les confinements pèsent lourd sur l’enseigne de vêtements à bas prix Primark dont les ventes ont plongé de 30% au cours des quatre derniers mois de 2020. Les restrictions pourraient lui avoir déjà coûté 1 milliard de livres si les magasins devaient rester fermés jusqu’à fin février. Certains commerces résistent néanmoins comme les supermarchés qui ont vu leurs ventes bondir pendant les fêtes avec la fermeture des restaurants, à l’image du numéro un britannique Tesco.