Appel à l’interdiction de l’utilisation des corps dans la publicité

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Positions «dégradantes», postures «ridicules», «déshumanisation» des femmes : il «faut interdire l’utilisation des corps dans la publicité», a déclaré jeudi la porte-parole de l’Observatoire de la publicité sexiste dont le deuxième rapport dénonce la persistance de «mauvaises pratiques.» 

 «Aujourd’hui, on peut avoir l’impression que le publisexisme est en baisse, 

il y a moins la dimension verbale qu’on a pu voir il y a plusieurs années mais en réalité les ressorts de l’image sont des plus en plus agressifs», estime Jeanne Guien, de l’association Résistance à l’agression publicitaire (Rap). «On va avoir des mises en scène extrêmement dégradantes, une sexualisation à outrance qui passe par la mise à nu, l’utilisation du corps des femmes avec un objet, l’utilisation de postures suggestives, celles qui consistent à se tourner pour montrer à la fois les seins et les fesses, la bouche entrouverte …», énumère-t-elle. Dans le cadre de son rapport, l’Observatoire a notamment recensé entre mars 

2022 et mars 2023 près de 300 contributions citoyennes dénonçant et documentant des publicités sexistes et dont 87 % ciblent le genre féminin. Au-delà des «mises en scène dégradantes» et des postures «non naturelles voire parfois grotesques», les femmes apparaissent «morcelées». «Très souvent le visage des femmes n’est pas représenté, flouté ou absent pour faire un focus sur certaines parties du corps», relève Jeanne Guien. 

Selon l’Observatoire, les secteurs d’activité les plus représentés sont ceux de l’habillement et de la parfumerie (55 %) ainsi que l’hygiène et la beauté (18,5 %) qui constituent à eux seuls presque trois quarts des publicités jugées sexistes. Malgré l’arrivée du «body positivisme» sur quelques défilés de prêt-à-porter ou de haute couture et en dépit d’une loi visant à lutter contre la maigreur excessive des mannequins, la «minceur reste omniprésente dans les campagnes publicitaires françaises», déplore la porte-parole. «On a encore des corps décharnés, d’une maigreur extrême», relève Mme Guien, épinglant des corps «irréels» et pointant des procédés sexualisants, érotisant l’enfance via des images «flirtant avec la pédopornocriminalité». Face à la poursuite de ces «mauvaises pratiques»,l’Observatoire estime que 

le secteur n’est pas en mesure «de s’autoréguler» et appelle à la mise en place d’une «autorité indépendante de contrôle des contenus publicitaires 

dotée de vrais pouvoirs dissuasifs». «Nous appelons également à l’interdiction de l’utilisation des corps en publicité, une mesure qui permettrait de limiter le publisexisme et la violence de genre et de revenir à une véritable information commerciale», 

ajoute Jeanne Guien.