B. BERGEAUD (Agence 1969) : «Covid19 : d’un point de vue économique il est certain que les pertes seront conséquentes»

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MEDIACOM Quelle est la ligne éditoriale de l’agence ? 

Benoit BERGEAUD 1969 est une agence indépendante, une maison de stratégies et de contenus hybrides éditoriaux et publicitaires. L’agence est présente eu Europe avec un bureau à Paris et en Asie à Hong Kong. 1969 conseille des marques inspirées et inspirantes comme Siemens Home, Veja, Bacardi Martini, Stihl, Cloudy Bay, Neff ou encore Cellier des Dauphins. Nous avons volontairement un portefeuille clients assez réduit pour prendre le temps et garder une relation forte et proche avec nos clients. 

MEDIACOM Comment avez-vous géré la crise sanitaire à Hong Kong ? 

Benoit BERGEAUD Avec sa filiale à Hong Kong et son siège à Paris, l’agence 1969 fait malheureusement partie des agences impactées deux fois par la vague du Covid19 arrivant de Chine. Cette crise, qui intervient après celle des Protests en 2019, a sérieusement ébranlé notre jeune agence asiatique. Plusieurs clients sur cette zone ont d’aillerus décidé de geler leur budget. Nous avions de beaux projets comme avec Chanel par exemple. Nous avons dû réduire nos effectifs. Le marché asiatique reprend peu à peu des couleurs tout en restant assez fragile. L’équipe est en télétravail depuis décembre 2019. 

MEDIACOM Et à Paris, la situation a-t-elle été la même ? 

Benoit BERGEAUD Peut-être parce que nous avions déjà été sensibilisés avec l’agence de Hong Kong, nous avons mis en place le télétravail dès le mercredi 11 mars. Aussi, le rôle du CEO que je suis, a été d’assurer immédiatement la sécurité matérielle, de l’équipe comme de l’agence : identifier des aides institutionnelles, interroger chaque client pour mesurer leur engagement envers l’agence. La plupart a répondu présent, mais il est normal que tous les projets soient à minima gelés à leur demande. Aussi, étant membre de l’AACC Digital, l’échange quotidien avec mes homologues est également d’un grand secours. Nous avions déjà l’habitude d’échanger à distance entre nous, notamment depuis les grèves de la fin d’année 2019. A long terme, cela demande bien sûr une réorganisation plus importante, mais chacun est force de proposition et trouve de nouvelles solutions. Par exemple, nous avons créé plusieurs Virtual Meetings Rooms dont une qui est ouverte toute la journée à partir de 9h30 pour toute l’équipe. 

MEDIACOM Quelles relations entretenez-vous avec vos clients ? 

Benoit BERGEAUD En tant qu’agence de communication digitale, en charge de la gestion des réseaux sociaux de nos clients, nous sommes là aussi au coeur de la communication de crise pour eux. Notre approche a été simple. Nous avons mis en place un comité de gestion de crise avec notre planning stratégique et les managers de l’agence. Ce comité a été mis à disposition de nos clients, gratuitement, pour qu’ils puissent s’appuyer sur nous. Et cela fonctionne. Nous réajustons les messages, définissons les lignes directrices ensemble: il y a un véritable esprit d’équipe client/agence, une solidarité et une bienveillance générale qui amène à positiver dans cette période difficile. Aujourd’hui, les réseaux sociaux sont souvent les seuls liens qui subsistent entre les marques et leurs publics. Nous demandons alors à nos clients de rester partenaires de l’agence, en cette période de crise et après. 

MEDIACOM Quelle projection pour l’agence 1969 ? 

Benoit BERGEAUD A ce stade, se dégage un élan d’entraide, d’humanisme et de solidarité entre nos clients, nos partenaires, et même entre marques. Si d’un point de vue économique il est certain que les pertes seront conséquentes, je nourris tout de même l’espoir d’un reboot, d’un rebirth des valeurs et notre manière de travailler. La période actuelle démontre encore un peu plus le rôle sociétal des entreprises… et donc des marques. A mon sens, la redistribution des cartes va encore s’accélérer. Les marques qui n’auront pas compris cet enjeu, cette nécessité d’aligner encore plus leur posture, leurs valeurs profondes d’entreprises avec leur positionnement, leur communication, mais aussi leur offre, seront vouées à laisser la place. Laissons place à l’intelligence, l’humilité et la générosité. Une grande autocritique commence. La crise sanitaire est un drame, à nous tous d’y adjoindre une révolution de notre manière de faire et de penser.