Trinquer à la bière ou au rosé plutôt qu’au vin rouge: les chiffres officiels ont confirmé une nette tendance à la «déconsommation» des vins de Bordeaux en France, avec un recul de 10% de leurs ventes en grande distribution l’an dernier.
Si les hyper et supermarchés restent le premier circuit de commercialisation avec 130 millions de bouteilles vendues l’an passé, l’appétence pour les vins de Bordeaux s’émousse, alors que la consommation globale de vin est en recul en France, a indiqué le Conseil interprofessionnel du vin de Bordeaux (CIVB) lors d’une conférence de presse mardi à Paris.
Ces chiffres en berne s’ajoutent aux perspectives moroses des exportations
vers les États-Unis, entravées par la taxe de 25% appliquée mi-octobre par
l’administration Trump, et le fort recul des ventes de bordeaux en Chine depuis deux ans (à 421.000 hectolitres en 2019 contre plus de 600.000 hl en
2017).
«Sur le marché français, qui représente 56% de notre commercialisation, (…) nous avons perdu un cinquième de nos volumes sur les cinq dernières années, essentiellement sur les vins entre 3 et 5 euros: Les consommateurs boivent moins d’alcool, moins souvent, en plus petite quantité et se détournent des vins rouges en favorisant des vins frais comme le rosé ou les bières» a déclaré Bernard Farges, président du CIVB.
Sous le choc, Bordeaux, d’ordinaire encline à un certain sentiment de supériorité dans le monde de la viticulture française, s’est lancée dans une introspection inédite pour tenter de sortir du marasme.
«La tendance est à la modération et cela touche toutes les appellations, tous les alcooliers» a indiqué M. Farges en admettant aussi que l’image de Bordeaux est souvent synonyme «de tradition, d’héritage, de cherté», et pas associée aux vins «souples, fruités, faciles à boire» plébiscités par les consommateurs.
Pour en sortir, il a indiqué que Bordeaux allait mettre en valeur les «gueules» de Bordeaux, les vignerons, les négociants qui font et vendent le vin, comme le font déjà très bien d’autres régions viticoles, Bourgogne, Loire ou Languedoc par exemple.
«Certes nous sommes les grands crus et les crus classés de 1855, mais nous
ne sommes par que cela» a dit M. Farges en citant «les reconversions, les hipsters, les créatifs et les fous» de Bordeaux qui gagneraient à être mieux connus des amateurs de vins.