Danone : le Covid-19 va affecter durablement les conditions de production et de consommation

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L’épidémie de Covid-19 va affecter durablement les conditions de production et la consommation, a estimé le PDG du groupe alimentaire Danone, pour qui la crise révèle les «limites du système» économique actuel. 

«Ce sujet sanitaire va durer. On va opérer dans un système dans lequel à la fois l’offre et la demande seront sous contrainte», a déclaré Emmanuel Faber lors d’une audition par la commission des affaires économiques du Sénat. 

Côté offre, le groupe a déjà connu des «tensions» dans les transports et les approvisionnements: emballages, «certains compléments alimentaires, des vitamines, des minéraux essentiels, du fer, de l’iode dont on fortifie un certain nombre de nos produits». 

«Nos lignes ne tournent plus de la même façon», a-t-il ajouté, notant que 

des petits formats avaient été délaissés faute de canaux de distribution. 

En raison des incertitudes sur l’avenir et des baisses de pouvoir d’achat qui se profilent, la demande aussi «va rester durablement contrainte», a relevé le patron de Danone, avant d’appeler à ne pas relancer l’économie avec d’anciennes recettes. 

«Il y aura un désir intense, humain, de revenir au pic de 2019 aussi vite que possible, en s’affranchissant de toutes les contraintes possibles (…) et je pense que c’est précisément ce qu’il ne faut pas faire», a dit Emmanuel Faber devant les sénateurs. 

Et de poursuivre: «Ce que je trouverais extrêmement dangereux, c’est que l’argent rare de l’État et de l’Europe soit mis en oeuvre pour des mesures qui de toute façon ne fonctionneront pas.» 

Pour le PDG de Danone (plus de 25 milliards d’euros de chiffres d’affaires 

en 2019), la crise est «révélatrice des limites du système que nous avons installé», avec notamment des incidences néfastes pour l’environnement. 

Il prône une économie «plus résiliente» («on ne peut pas être optimisé et résilient») et appelle à travailler avec d’autres indicateurs que le produit national brut (PNB) par habitant, selon lui «nocif si on veut inventer l’économie de demain», car omettant par exemple le stock de ressources renouvelables. 

Quant au modèle agricole, «nous allons nécessairement vers des réarbitrages», a-t-il soutenu. 

«Entre les subventions qui ont été données, les programmes qui ont poussé à une certaine forme d’agriculture et la spirale vers le bas des prix, nous avons habitué les Français à une alimentation qui est de qualité, mais qui ne permet pas de faire vivre sur le long terme la filière qui les approvisionne», a-t-il jugé.