F. THOMAS (Fiverr) : «30% des créateurs ayant moins de 100.000 abonnés ne génèrent aucun revenu»

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Fiverr, la plateforme de mise en relation entre freelances et entreprises, a publié une étude (réalisée du 26 août au 4 novembre 2024, reposant sur 427 répondants en France, et réunissant plus de 78 millions d’abonnés et un chiffre d’affaires global de 16,89 millions d’euros) inédite sur la monétisation des créateurs et créatrices de contenu en France. L’occasion pour media+ d’évoquer ces résultats avec Franck THOMAS, Responsable France de Fiverr. 

MEDIACOM Quel regard portez-vous sur les résultats de votre étude sur la monétisation des créateurs et créatrices de contenu en France ? 

Franck THOMAS Aujourd’hui, les créateurs de contenu allient passion et entrepreneuriat. Si partager une passion reste central, la montée en puissance du marketing d’influence montre une évolution vers des objectifs commerciaux, où les réseaux sociaux deviennent des leviers marketing clés. Cette transformation reflète la maturation du secteur, où créativité et stratégie répondent à un marché compétitif. Les créateurs français se distinguent par leur statut de micro-influenceurs, 56% d’entre eux comptant moins de 100.000 abonnés. Malgré une audience plus restreinte, ils démontrent une grande adaptabilité en diversifiant leurs plateformes et leurs formats de contenu. 

MEDIACOM Quels sont les réseaux utilisés par les micro-influenceurs ? 

Franck THOMAS Instagram domine avec 85% d’utilisation, suivi par TikTok (80%) et YouTube (48%). Les vidéos courtes s’imposent comme le format phare, adopté par 92% des créateurs. Pour maximiser leur visibilité et attirer des marques, 26% se tournent vers des compétences commerciales, soulignant l’importance de stratégies professionnelles pour monétiser leur activité. Les micro-influenceurs jouent un rôle clé dans l’écosystème des créateurs, car leur proximité avec leur communauté leur permet de générer un engagement authentique. 

MEDIACOM Quelles sont les sources de revenus des créateurs et créatrices de contenu en France ? 

Franck THOMAS La monétisation des créateurs varie considérablement en fonction de la taille de leur communauté. Si les revenus sont inégaux, les créateurs peuvent commencer à générer de l’argent dès 100.000 abonnés. Cependant, en dessous de ce seuil, la majorité peine à tirer des revenus significatifs : 30% des créateurs ayant moins de 100.000 abonnés ne génèrent aucun revenu, et 24% gagnent moins de 5.000 euros par an. À l’inverse, moins de 1% des créateurs génèrent plus de 500.000 euros annuels, mais concentrent une part importante des gains. Les partenariats avec des marques représentent la principale source de revenus pour plus de 90% des créateurs interrogés. Les créateurs de moins de 100.000 abonnés, quant à eux, diversifient davantage leurs revenus : 13% d’entre eux tirent des revenus des dons, tandis que 21% génèrent des revenus via la vente de produits digitaux. 

MEDIACOM L’équilibre entre fidéliser la communauté et les marques est-il de plus en plus compliqué à atteindre ? 

Franck THOMAS Pour sécuriser leurs revenus dans un secteur en constante évolution, 80% des profils interrogés disent monétiser leurs contenus. Ils n’ont pas qu’une seule source de rémunération, mais plusieurs. En combinant réseaux sociaux, partenariats, affiliation et vente de produits digitaux, ils parviennent à réduire leur dépendance à une seule plateforme ou à une seule source de financement. Maintenir une visibilité constante est une priorité : 52% des créateurs publient plusieurs fois par mois pour séduire les marques et fidéliser leurs communautés. Cette régularité semble essentielle pour attirer de nouvelles opportunités de collaboration. 

MEDIACOM Les créateurs de contenu s’entourent-ils d’autres acteurs ? 

Franck THOMAS L’organisation de l’activité des créateurs et créatrices de contenu en France représente également un défi : 62% des créateurs travaillent seuls dans leur entreprise. Pour répondre aux besoins spécifiques de leur activité, ils font également appel à des freelances, qui représentent 41% des recrutements, pour des missions telles que la production de vidéos ou la gestion des réseaux sociaux. Ce recours croissant à des experts extérieurs témoigne de l’émergence d’un écosystème structuré, où créateurs, freelances et marques collaborent pour générer une valeur économique partagée. 

MEDIACOM Comment évolue le marché des créateurs de contenu en France ? 

Franck THOMAS Pour monétiser leurs contenus, les créatrices et les créateurs ont ouvert des entreprises. C’est un signe de la bonne santé du marché, et de sa croissance ! 91% des entreprises créées l’ont été après 2017, 40% après 2022. C’est à ce moment-là, en pleine période de Covid-19, que les budgets des entreprises avaient été investis massivement sur les réseaux sociaux.