Lapeyre : décision le 1er juin sur l’homologation de la cession

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Le tribunal de commerce de Paris rendra le 1er juin sa décision sur l’homologation de la cession de Lapeyre, que le fonds d’investissement allemand Mutares doit racheter à Saint-Gobain au grand dam du personnel, a-t-on appris mardi auprès du greffe de l’instance. 

Une audience a eu lieu lundi au tribunal de commerce dans une certaine confidentialité entre les parties prenantes et en l’absence des avocats des 

différents Comités sociaux et économiques (CSE) du réseau Lapeyre, qui n’ont pas été autorisés à y assister. «Cette procédure qui est facultative a été demandée par Saint-Gobain pour donner de la sécurité aux acteurs, pour protéger l’entreprise Lapeyre», a assuré Guillaume Texier, directeur général adjoint de Saint-Gobain France. «Le repreneur a pris des engagements sociaux à deux ans sur les fermetures d’usine ou de magasins». «L’audience nous a permis d’exposer en détail notre projet, de rappeler l’ensemble des engagements sociaux que nous avons pris et de redire notre ferme conviction que Lapeyre peut être redressé et relancé dans la durée en cas d’homologation», a ajouté Philip Szlang, président de Mutares en France, 

dans un communiqué transmis. «Pour préparer et mettre en oeuvre ce redressement et cette relance, nous nous appuierons sur un dialogue ouvert et constant avec les organisations syndicales, les représentants du personnel et les salariés», a-t-il ajouté. Marc Ténart, le futur patron de Lapeyre, s’est lui engagé auprès des salariés à ne fermer aucun site «d’ici fin 2022». Le projet est rejeté par les salariés de Lapeyre qui accusent le repreneur d’avoir l’habitude de siphonner la trésorerie des entreprises qu’il rachète. Un audit financier réalisé à la demande des élus du personnel indique que Mutares offre un profil «particulièrement inquiétant» et que son projet 

présente un «risque quasi certain de redressement judiciaire». 

Crainte de liquidation : «L’homologation n’est pas une obligation, reconnaissait toutefois avant l’audience l’intersyndicale (CFTC, CFE-CGC, CGT, FO, CFDT). Son seul intérêt est de protéger Saint-Gobain en cas de liquidation future du groupe Lapeyre». «Il y a des fonds de redressement qui redressent des entreprises mais Mutares ne redresse pas, il se nourrit sur la bête», a expliqué lundi Eric Guindani (élu CGT au CSE de l’usine Lagrange), présent devant le tribunal. Les salariés s’inquiètent notamment du devenir de 243 millions d’euros laissés par Saint-Gobain dans les caisses de Lapeyre alors que le groupe 

vendeur a assuré que cette somme serait placée dans une fiducie, «une sorte de coffre-fort», selon M. Texier. 

«La fiducie couvre jusqu’en 2024, date prévue du redressement de l’entreprise, selon le business plan. Le repreneur ne peut pas prendre possession des fonds avant», a-t-il ajouté. «Le type de clients auxquels s’adresse Lapeyre ne correspond pas à notre coeur de métier. Nos clients sont des artisans professionnels, or Lapeyre s’adresse directement aux consommateurs finaux», a-t-il ajouté pour expliquer le désengagement. «La fiducie? On n’y croit pas une seule seconde. Cette fameuse dot arrivera rapidement à son terme et il n’y aura plus de fonds suffisants pour assurer la pérennité de l’entreprise», prédit Nicolas Bodot, secrétaire du CSE de l’usine 

de Poreaux.