L’industrie horlogère suisse gravenment touchée par la pandémie

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La pandémie de Covid-19 va être «plus difficile» à traverser que la crise financière pour l’industrie horlogère suisse, a estimé mercredi le président de la fédération horlogère, après une chute sans précédent des exportations en avril. 

En avril, les exportations de montres suisses ont dégringolé de 81,3% par rapport à avril 2019, se limitant à 328,8 millions de francs suisses (308,1 

millions d’euros), après une baisse généralisée des ventes sur les grands marchés à l’exception de la Chine, selon les relevés de la fédération horlogère. 

«Le chiffre est impressionnant mais pas surprenant», a déclaré Jean-Daniel Pasche, le président de la fédération horlogère. «Le tourisme a été interrompu, de nombreuses entreprises horlogères ont dû arrêter la production et beaucoup de boutiques étaient fermées», a-t-il commenté, expliquant qu’il s’attendait en conséquence «à ce que le mois d’avril soit mauvais». Dans le détail, les exportations horlogères ont dégringolé de 83,2% vers Hong Kong, le marché qui fait office de porte d’entrée de l’Asie pour les fabricants de montres suisses, et de 86,4% vers les Etats-Unis, le deuxième plus gros marché horloger au niveau mondial. Elles se sont également effondrées sur les grands marchés européens, la baisse se chiffrant à 96,4% pour le Royaume-Uni, à 82,1% pour l’Allemagne et à 94,3% pour la France. Face à ces chutes d’une ampleur exceptionnelle, la Chine a fait figure d’exception, le repli se limitant à 16,1%. Le mois de mai va être «moins mauvais» avec le redémarrage progressif de l’activité économique, a jugé le patron de la fédération horlogère. «On espère que cela va repartir», a-til confié. Mais il s’attend clairement 

à ce que 2020 soit une année négative pour l’horlogerie suisse, sans toutefois pouvoir à ce stade prévoir l’ampleur de la baisse. En 2009, l’horlogerie suisse avait connu un trou d’air en raison de la crise financière, mais la demande avait rapidement repris grâce à l’essor économique de l’Asie, en particulier de la Chine, qui avait fait exploser la demande pour les produits de luxe. «Cette crise va être plus difficile que la crise financière», a cependant jugé le président de la fédération horlogère. Le mois d’avril 2020 a été «le pire» jamais enregistré par l’horlogerie, a estimé de son côté René Weber, analyste chez Vontobel, dans un commentaire boursier. S’il s’attend à un redémarrage au cours des prochains mois, les exportations horlogères devraient encore enregistrer une baisse de l’ordre de -40 à -50% en mai, selon ses estimations.