En pleine vague de manifestations contre le racisme et les violences policières aux Etats-Unis, les chaînes de grands magasins ont multiplié les messages pour l’égalité et la justice sur les réseaux sociaux.
Mais ces publications, qui font suite à la mort de George Floyd à Minneapolis, ont suscité des commentaires sceptiques de clients issus des minorités visibles. Le contrôle au faciès («racial profiling») — connu en ligne sous le hashtag #shoppingwhileblack — est un problème épineux que le secteur a largement choisi d’éviter ces derniers jours, se contentant de communiqués fustigeant le racisme et promettant une plus grande diversité aux postes de direction. De nombreux clients noirs et latinos disent se sentir surveillés et traités de manière différente des blancs. Jerome Williams, qui est Afro-Américain et enseigne le commerce à Rutgers University, se souvient d’un épisode dans les années 1980 où trois de ses enfants ne s’étaient pas rendus au point de rendez-vous après une virée dans un centre commercial. Après s’être inquiété, M. Williams a appris que ses enfants étaient retenus par des agents de sécurité qui jugeaient les enfants suspects car ils portaient des T-shirts neufs. Au-delà même de l’incident, M. Williams s’est dit troublé par la réaction de ses collègues blancs, jugeant l’affaire anecdotique. Depuis cette époque, «il y a eu des progrès énormes, mais on n’a pas éliminé tout le problème», estime l’universitaire, qui conseille des entreprises sur ces questions. Les militants pour les droits civiques espèrent que le mouvement actuel mène à un changement dans de nombreux domaines. «Les d i r i g e a n t s d’entreprises doivent faire bien plus que publier des communiqués condamnant le racisme», avance Dariely Rodriguez, directrice du Projet pour la Justice Économique au sein de l’organisation de défense des minorités «Lawyers’ Committee for Civil Rights Under Law». Selon Mme Rodriguez, ces dirigeants «doivent adhérer aux demandes de longue date des militants pour démanteler le racisme structurel» en s’attaquant aux discriminations salariales, en promouvant les employés non-blancs à des postes de direction et «en éradiquant la discrimination raciale contre les clients et les salariés noirs.»