Le volume des ventes dans le secteur de la mode a reculé de 4% en 2023, année de crise pour le prêt-à-porter milieu de gamme, selon un bilan présenté jeudi à l’Institut Français de la Mode (IFM).
chiffre d’affaires des entreprises d’habillement et de textile (hors accessoires) a lui diminué de 1,3% en 2023 par rapport à 2022, s’établissant à environ 27 milliards d’euros – alors que les prix ont augmenté d’environ 3%. Dans le détail, la chaussure perd 4,9%, le linge de maison 4,2%, la lingerie 3,8%, l’habillement femme 1,5% et l’enfant 0,5%. Seule la mode homme tire son épingle du jeu avec +0,6%. Sans surprise, les chaînes spécialisées de centre-ville ont vu leur chiffre d’affaires chuter de 4,6% en 2023. Depuis plus d’un an, le prêt-à-porter milieu de gamme (55% du parc de magasins en France) traverse une profonde crise se traduisant par des fermetures de boutiques, des redressements judiciaires voire des liquidations. En 2023, 782 points de vente de chaînes spécialisées ont fermé et 191 du côté des indépendants, révèle l’IFM. La pandémie, l’inflation – avec des «arbitrages de consommation défavorables à la mode» – et la surdimension du parc de magasins par rapport à la demande expliquent cette «refondation de l’écosystème de la mode», selon Gildas Minvielle, directeur de l’observatoire économique de l’IFM. Mais aussi la montée en puissance de la vente en ligne et de la seconde main, ainsi que la multiplication du nombre d’acteurs (Zara, H&M, Uniqlo et l’ultra fast fashion). Certains acteurs s’en sortent quand même dans ce paysage sinistré: les grands magasins, les magasins populaires et alimentaires type Monoprix et E.Leclerc et les chaînes de grande diffusion (Kiabi, Gemo, etc.). Selon une étude consommateurs de l’IFM, les Français plébiscitent Decathlon, Kiabi, H&M, Nike et Intersport pour leurs achats de mode en magasins. Et Amazon, Vinted, Decathlon, Zalando et SheIn pour les achats en ligne. Les ventes en ligne de mode en général reculent de 4,9% en 2023, un «retour à la normale» entamé en 2022 après deux années très dynamiques en raison de la pandémie en 2020 et 2021. A eux seuls, les géants d’Internet que sont l’américain Amazon, les chinois SheIn (ultra fast fashion) ou encore Temu (généraliste) totalisent 4% du marché de l’habillement en France. Ils captent 1,3 milliard d’euros de chiffre d’affaires, ce qui est «d’autant plus important (qu’ils) enregistrent de fortes progressions», avertit M. Minvielle.