La livraison des achats en 24 heures mise en place par Amazon cet été séduit les clients éligibles, mais elle coûte cher au géant du commerce en ligne, qui a publié un bénéfice net en fort recul.
Son action perdait près de 7% jeudi dernirr lors des échanges électroniques après la clôture de la Bourse de New York. En cause, un bénéfice net de 2,1 milliards de dollars, en baisse de 27,6% sur un an. Les analystes attendaient un bénéfice par action ajusté de 4,62 dollars, mais Amazon n’est parvenu qu’à 4,23 dollars. «C’est un gros investissement», admet Jeff Bezos, le fondateur de l’entreprise, dans un communiqué, avant d’ajouter: «sur le long terme c’est la bonne décision pour nos clients. (…) Ils adorent cette option, ils ont commandé des milliards de produits de cette façon cette année.» La firme de Seattle (nord-ouest) a recruté près de 100.000 personnes au troisième trimestre, principalement pour répondre aux besoins accrus des équipes de livraison. «Cela représente un changement drastique pour tout notre réseau», renchérit Brian Olsavsky, le directeur financier du groupe, lors d’une conférence aux analystes. «Et cela va nous coûter 1,5 milliard de dollars au quatrième trimestre, principalement en coûts de transports». Pour le prochain trimestre, l’entreprise prévoit un bénéfice opérationnel
entre 1,2 et 2,9 milliards de dollars, largement inférieur aux 3,8 milliards dégagés au quatrième trimestre 2018. «Cette transition à la livraison en un jour c’est un grand classique de la part d’Amazon», estime Neil Saunders, directeur de GlobalData Retail. «Cela leur donne de l’avance et un avantage compétitif par rapport à leurs concurrents. Mais il n’a pas fallu attendre longtemps pour que Walmart et Best Buy proposent leur propre version de la livraison en 24 heures.(…) Là où Amazon va, les autres suivent. Ce qui affaiblit en partie cette stratégie de différentiation», ajoute-t-il.
«Nuages à l’horizon» : Le groupe a en revanche tenu ses promesses avec 70 milliards de dollars de chiffre d’affaires, en hausse de 24% sur un an, notamment grâce au «Prime day», l’opération annuelle de soldes qui lui a permis d’écouler, sur deux jours en juillet, plus de 175 millions de produits dans 18 pays auprès d’abonnés à son programme de fidélité Prime. Ses activités de «cloud» informatique ont rapporté à Amazon près de 9 milliards de dollars, en hausse de 35%. La croissance fulgurante du «cloud» ralentit néanmoins un peu plus chaque trimestre. Il y a un an, AWS (le nom du service d’Amazon) progressait de 46%. «Amazon a publié des résultats contrastés, avec quelques éléments très positifs mais aussi des nuages à l’horizon pour le «cloud»», commente Andrew Lipsman, analyste chez eMarketer. «AWS a alimenté l’expansion des profits du groupe dernièrement, mais l’affaiblissement des taux de croissance de l’activité va peser sur ses marges s’ils ne parviennent pas à inverser la tendance», poursuit-il. «Nous continuons à beaucoup investir dans le +cloud+», assure Brian Olsavsky, évoquant, là aussi, une hausse des embauches dans les ventes et le marketing, «pour gérer nos clients de plus en plus nombreux, ainsi que notre palette de plus en plus large de produits». L’activité publicité se porte aussi très bien. Au troisème trimestre, elle a généré presque 3,6 milliards de dollars, en hausse de 45% sur un an. Amazon est quasiment le seul acteur qui parvient à grignoter des parts de marché à Google dans la publicité numérique adossée aux recherches en ligne.