La Commission européenne a annoncé l’ouverture d’une enquête approfondie sur le projet de rachat du distributeur d’optique néerlandais GrandVision par le géant franco-italien du secteur EssilorLuxottica pour 7,1 milliards d’euros, craignant une réduction de la concurrence.
«Nous devons examiner attentivement si la concentration envisagée conduirait, sur ce marché en pleine consolidation, à des prix plus élevés ou à un choix plus restreint pour les consommateurs se rendant chez leur opticien», a souligné la commissaire européenne à la Concurrence, Margrethe Vestager, dans un communiqué. La Danoise rappelle qu’«EssilorLuxottica est le premier fournisseur mondial d’articles de lunetterie et GrandVision la plus grande chaîne européenne de vente au détail d’articles optiques». Bruxelles craint une réduction de la concurrence «sur le marché de la fourniture en gros de verres ophtalmiques et d’articles de lunetterie ainsi que sur celui de la fourniture au détail d’articles optiques». L’exécutif européen dispose de 90 jours ouvrables, soit jusqu’au 22 juin, pour rendre sa décision. «L’ouverture d’une enquête approfondie ne présage pas de l’issue de la procédure», a-t-il précisé. Le rachat de GrandVision par EssilorLuxottica avait été annoncé en juillet et soumis à l’approbation de Bruxelles en décembre. Les deux groupes «coopéreront étroitement avec la Commission» pour «expliquer en détail les raisons du projet d’acquisition ainsi que les avantages que celui-ci apportera aux clients, aux consommateurs et à l’ensemble des acteurs de l’industrie», a réagi EssilorLuxottica dans un communiqué. «Les sociétés réaffirment leur objectif commun de finaliser la transaction dans les 12 à 24 mois suivant la date de l’annonce» de la fusion, a-t-il précisé. Le franco-italien avait annoncé l’an passé son intention d’acquérir les
76,72% de participation de HAL Holding N.V. dans le capital de GrandVision à un prix par action de 28 euros, valorisant la société néerlandaise à 7,1
milliards d’euros.
Prada, Chanel, Ray-Ban : EssilorLuxottica est lui-même issu d’une fusion conclue en octobre 2018 entre le français Essilor, leader mondial des verres ophtalmiques, et l’italien Luxottica, numéro un des montures de marques prestigieuses comme Prada, Chanel et Ray-Ban. Les ventes annuelles du groupe, qui distribue ses produits en gros, notamment à GrandVision, mais exerce aussi des activités de distribution au détail ont atteint 16,1 milliard d’euros en 2018. Le chiffre d’affaires de GrandVision, qui possède des marques comme GrandOptical ou Pearle, s’élève, lui, à 3,7 milliards d’euros en 2018. Avec cette opération, EssilorLuxottica, qui possède déjà 9.100 magasins de détail dans le monde, pourrait mettre la main sur plus de 7.000 nouveaux magasins dans plus de 40 pays en Europe, en Amérique du nord, en Amérique latine et en Asie. «Cela va créer une véritable entreprise mondiale de soins et d’équipements optiques qui sera idéalement positionnée pour capter les changements des besoins et des comportements des consommateurs», avait déclaré en juillet Stephan Borchert, PDG de GrandVision. «Cela faisait partie du plan lorsque Essilor et Luxottica se sont rapprochés. Il s’agit d’une des premières initiatives que nous avons lancées», avait pour sa part expliqué Laurent Vacherot, directeur général d’Essilor.