Super U ouvre ses magasins aux autistes tous les mardis entre 13H00 et 15H00

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A shopper looks through toys at a Walmart Supercenter Friday, Nov. 9, 2018, in Houston. (AP Photo/David J. Phillip)//18316618402279/1811122004

Des rayons silencieux, des fruits et légumes sous une lumière tamisée: le Super U de Mer (Loir-et-Cher), comme d’autres en France, reçoit dans le calme chaque mardi afin de permettre aux personnes atteintes de troubles autistiques de faire leurs courses. Une idée qui ne comble pas les associations 

«Pour recevoir au mieux les personnes atteintes de troubles autistiques, chaque mardi entre 13H00 et 15h00, nous baissons l’intensité lumineuse et l’ambiance sonore de votre magasin U», annonce Christelle Ouhadda-Mercier au micro du magasin. La responsable de la caisse accueil passe ensuite du côté des interrupteurs du supermarché pour quelques réglages: «Au niveau des caisses, il n’y a quasiment plus de bruit quand on passe les articles, on a aussi baissé l’intensité des lumières», explique-t-elle. «On a coupé le téléphone, il n’y a plus de musique, ni d’appel micro. C’est le silence, on entend juste le soufflement du chauffage et les portes qui s’ouvrent.» Depuis le 2 décembre, les enseignes Système U ont suivi l’exemple de chaînes britanniques et australiennes pour proposer ce dispositif «heures calmes», «afin de faciliter le parcours des personnes souffrant de troubles du spectre autistique». «Ce n’est rien de très compliqué», assure Philippe Socias, le propriétaire du supermarché de Mer. «D’ailleurs on se dit que l’on aurait pu y penser avant.» «Quand on a communiqué sur Facebook, on nous a dit que c’était pour se donner bonne conscience. Les associations qui s’occupent de l’autisme nous on dit: «OK, il y a une première démarche. Ce n’est peut-être pas suffisant mais ça a au moins le mérite d’exister»», continue le dirigeant, qui dit ne pas savoir si sa clientèle a changé le mardi, ou même si des clients atteints de troubles autistiques privilégient son enseigne. 

«J’aurais ciblé les supérettes» : «On ne le fait pas pour se donner bonne conscience. On le fait car l’idée est intéressante», insiste-t-il. «Cela ne s’adresse pas qu’aux gens touchés par les troubles autistiques. Je pense qu’il se passe pas mal de choses en ce moment sur le mieux vivre, le mieux manger, être un peu moins dans l’urgence. Avoir un moment dans la semaine pour pouvoir faire ses courses dans le calme, c’est apprécié.» Mais si, comme le souligne Système U, l’expérimentation a été menée en lien avec des associations, la généralisation du dispositif n’a pas été concertée. Loin des étals silencieux du Loir-et-Cher, la présidente de l’association Autisme France, reconnue d’utilité publique, est circonspecte. «C’est potentiellement une bonne idée, mais qui n’est pas exploitée», estime Danièle Langloys. «Il faut communiquer sur cette initiative et se rapprocher des associations locales. Et se demander pourquoi les personnes autistes ne viennent pas.» «Ce qu’ils ne comprennent pas c’est qu’un adulte autiste, avec un certain niveau d’autonomie, ne va jamais aller dans une grande surface», analyse-t-elle. «Pour lui, c’est l’horreur. C’est trop grand, le problème de fond c’est le repérage dans l’espace, pas forcément la lumière ou le bruit.» «J’aurais ciblé les supérettes, à taille humaine, mais on ne nous a pas consultés», regrette-t-elle. «L’autre public, ce sont les familles avec des enfants autistes. Généralement elles n’y vont pas, car il y a non seulement trop de bruit, trop de monde, trop de lumière, mais il faut aussi attendre à la caisse. Ça c’est incompréhensible pour un enfant autiste», détaille-t-elle, ajoutant avoir été contacté par plusieurs groupes de grande distribution pour la mise en place de dispositifs similaires. «Un seul directeur m’a sollicité sur le créneau horaire», confie-t-elle. «Mais je ne peux pas répondre. Ça dépend vraiment des endroits. Si on ne va pas solliciter les associations locales, comment peut-on déterminer le meilleur créneau ?»